Les indépendantistes aux portes du pouvoir
Trois cents ans après que l'Écosse se fut jointe à l'Angleterre et
au Pays de Galles pour créer la Grande-Bretagne, les électeurs du pays
pourraient bien profiter des élections législatives, jeudi, pour porter
un parti indépendantiste au pouvoir.
Tous les sondages donnent le Parti national écossais (SNP) gagnant,
devant le Parti travailliste, qui détient actuellement le pouvoir, et
les démocrates libéraux. Les conservateurs et les verts bénéficieront
aussi du mode de scrutin proportionnel pour faire élire quelques
députés.
La campagne électorale en cours a des accents familiers pour les
Canadiens et les Québécois. Le chef du SNP, Alex Salmond, promet de
tenir un référendum sur l'avenir de l'Écosse en 2010, mais fait
essentiellement campagne sur sa capacité à constituer un bon
gouvernement.
Le charismatique chef indépendantiste soutient que l'élection ne
porte pas directement sur l'indépendance. Les Écossais, dit-il, doivent
d'abord choisir un gouvernement. Un référendum ne viendra qu'après une
période de trois ans, au terme de laquelle les électeurs auront pu
juger de leur capacité à diriger le pays.
« Le Parlement écossais ne contrôle que 15 % de ses revenus. C'est
beaucoup moins qu'une province canadienne. Je crois qu'un gouvernement
populaire qui demanderait par voie de référendum le mandat de négocier
une nouvelle entente pour l'Écosse, une relation égalitaire,
obtiendrait une majorité », a récemment affirmé le chef indépendantiste.
Les travaillistes, menés par l'actuel premier ministre, Jack
McConnell, n'hésitent pas pour leur part à évoquer les conséquences du
référendum de 1995 au Québec pour tenter de dissuader les électeurs
d'opter pour les indépendantistes. « Le taux de chômage a augmenté, les
taux d'intérêt ont augmenté », a-t-il récemment lancé.
Le slogan du parti est d'ailleurs on ne peut plus clair: « Détruisez
la Grande-Bretagne, faites faillite ». Le successeur annoncé de Tony
Blair, Gordon Brown, ne dit pas autre chose. Il affirme qu'il lui sera
« impossible » de travailler avec le SNP. Leur projet de référendum,
estime-t-il, est « dangereux et désastreux »
Le Parti national écossais bénéficie cependant grandement de
l'impopularité de Tony Blair pour attaquer les travaillistes de Jack
McConnell. La décision du Royaume-Uni de combattre aux côtés des
Américains en Irak suscite beaucoup de mécontentement dans le petit
pays de 5 millions de personnes.
Le Parlement écossais, baptisé Holyrood, a été recréé en 1997, 290
ans après qu'il eut été dissolu à la suite de la signature de l'Acte
d'Union. Les travaillistes de Tony Blair y voyaient une occasion de
décentraliser le pouvoir et ainsi couper l'herbe sous le pied des
indépendantistes.
Grâce au mode de scrutin proportionnel, il est toutefois improbable
que le SNP détienne la majorité absolue et puisse aller seul de l'avant
avec un référendum. Les démocrates libéraux, par exemple, envisagent de
s'allier aux indépendantistes pour gouverner, mais à condition que le
projet de référendum soit abandonné.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2007/05/02/007-ecosse_legislatives.shtml
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S'ils l'obtiennent avant nous, je déménage en Écosse.
Marc-O.---